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Humain, Trop Humain - by L'Agenda


Vendredi 6 février, théâtre 2.21 à Lausanne, 21h. La scène, plongée dans la pénombre, déborde de câbles, de pédales, d’instruments en tous genres. Depuis son ordinateur, le bassiste Timothy Verdesca, converti pour l’occasion en informaticien-musicien, enclenche depuis son ordinateur le « souffle vital », un bourdon qui traversera l’ensemble de la prestation. Le moment de la naissance est arrivé, et celui du début de « Humain trop humain »…

Ce projet singulier est celui du pianiste David Tixier. Joué pour la première fois en juillet 2014 dans le cadre de son travail de master à la HEMU de Lausanne, il revient au 2.21 pour une deuxième version augmentée, quasiment doublée. Il passe ainsi de quatre à sept pièces, avec des interstices rajoutés. S’il est le principal compositeur, certains morceaux ont été co-composés avec les excellents invités qui jalonnent ce voyage musical et philosophique: Jacques Beaud (vocoder), Vinz Vonlanthen (guitare) Francis Stoessel (batterie) et William Jacquemet (trombone).

« Humain trop humain » est sous-titré « Le périple d’un cycle », celui d’un individu qui se confronte à la société. D’abord mouton insouciant, il se rebelle et part à la recherche d’une nouvelle voie. Ce parcours est en parti celui, personnel, de David Tixier, qui a été très marqué par la lecture de Nietzche à qui il a d’ailleurs emprunté le titre d’une œuvre pour le spectacle. Au milieu du set, une voix s’élève de la salle. La comédienne Géraldine Dupla, dans un monologue, dit son incompréhension, s’interroge sur nos références, exprime son besoin de liberté. Un cri essentiel qui permet aux musiciens de respirer, et au public de poser quelques balises sur ce chemin spirituel. Mais l’idée d’imposer une vision est loin du pianiste, qui laisse plutôt l’auditeur se faire bercer ou secouer par ses compositions.

Et on se laisse embarquer… Ballades expérimentales ou improvisations endiablées, mélodies dépouillées ou multiplications d’effets, l’univers musical de David Tixier est assez riche et éclectique pour ne jamais lasser l’oreille. On pourrait être dérouté par le manque de repères, et pourtant c’est le contraire, comme une errance nécessaire et surprenante. Il manque peut-être à ce spectacle une véritable mise en scène, plus resserrée et visuelle, afin de mieux mettre en valeur le propos de la musique. On se suspend au souffle lyrique de Jacques Baud, on s’agrippe aux cordes de Vinz Vonlanthen, on se réchauffe aux notes de William Jacquemet, on se délecte de la dextérité de Francis Stoessel. Par moment, le piano seul et nu resurgit, tel un moment de grâce. Il faut aussi souligner le travail de la technique du théâtre 2.21, le jeu des lumières offre de magnifiques ambiances et pourrait être considéré comme un instrument à part entière.

Présenté pour deux dates au Théâtre 2.21, ce projet est pensé dans une évolution constante, au gré du parcours musical et intellectuel de David Tixier. « Humain trop humain » devrait trouver donc d’autres territoires à explorer, et que le public pourra découvrir, un jour, sur l’une des scènes de l’arc lémanique.

Texte: Marie-Sophie Péclard

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